Je tente aujourd'hui de réveiller le blog. Et je commence par un petit constat un peu déprimant. Déprimant mais lucide. Et la lucidité, ça a du bon : ça fait avancer et laisser la merde derrière soi.
Ha,
le célibat… Ce grand sujet d'achoppement avec vos ami(e)s. Que
vous soyez nouvellement célibataire, toujours célibataire, encore
célibataire, au final peu importe : à leurs yeux, vous n'êtes
pas en couple. Et ça c'est maaaaaaaaaaaaaaal ! Et oui, parce
que le couple, c'est la norme, la salvation, l'éden, le nirvana…
hein ? Quoi ? Taux de divortialité en hausse constante
depuis des années ? 236 300 mariages et 123 700 divorces en
2015 (soit environ 1 pour 2, source insee) ? Meuh non ! Le
nirvana qu'on vous dit !
Mais
bon, après tout, chacun voit midi à sa porte, et leur opinion
n'engage qu'eux… ou pas. Parce que le problème est bien là :
Il n'y en a pas un pour rester à sa place et ne pas chercher à
appliquer son opinion aux autres. Le prosélytisme conjugale est
partout, il est insidieux, vicieux, omniprésent. Dans la publicité,
dans les films et les livres, bien sûr, mais aussi et surtout dans
le regard de vos amis.
Et
là, chacun sa méthode.
Il
y a ceux qui vous disent « non, mais t'inquiète pas, tu es une
belle femme (ou un bel homme, ça marche aussi), tu vas retrouver
quelqu'un ! Et puis tu es encore jeune... ».
Celui-là, heureusement que les lois sur le meurtre sont assez
strictes. Parce qu'il faut bien l'avouer, l'envie de l'étriper avec
les dents est souvent très forte. Ou avec une petite cuillère
émoussée, chacun ses goûts, on ne juge pas.
Il
y a ceux qui vous arrangent des rancarts. Ha ! Le fameux rancart
avec « le/la pote célibataire qui va forcément nous plaire…
D'ailleurs ils ne savent même pas pourquoi ils n'y ont pas pensé
avant… ». Je peux répondre à cette question : c'est
parce qu'avant, vous pensiez, justement ! Se mêler des affaires
de fesses ou de cœur des copains, ce n'est pas penser : c'est
vomir avec le cerveau. Alors recommencez à penser, et foutez la paix
à notre cul. Merci.
Vous
avez aussi ceux, plus rares heureusement, qui vous poussent à vous
inscrire sur les sites de rencontre (voir vous y inscrivent
eux-même). Alors mon conseil si vous êtes une femme :
faites-le un peu avant les fêtes. Comme ça, vous aurez de quoi
remplir un magnifique calendrier de l'avent avec des photos de bites.
Trop classe ! On en rêvait.
Et
enfin, et c'est là que je veux en venir, il y a ceux qui vous
oublient. Ceux-là, ils font mal. Vraiment. Vous ne voyez pas de quoi
je parle ? Je vais vous éclairer. Les gens en couple sortent
(au sens très large du terme) avec d'autres couples. « Tiens,
et si on se faisait un resto avec Germaine et Alphonse ? »
« Ha oui, bonne idée, ça fait longtemps qu'on ne LES a
pas vus ! ». Le LES est prédominant. Si nous sommes deux, il
faut un miroir en face. Donc deux aussi (oui je sais compter jusqu'à
deux, même trois, mais seulement après deux cafés). Vous, la/le
célibataire, vous faites un mauvais miroir.
Alors
on se réfugie derrière des bons sentiments « Nan, mais
Jocelyne, elle va tenir la chandelle, ce n'est pas sympa pour
elle... ». C'est vrai que tenir Jocelyne à l'écart de tous
les événements amicaux, c'est trop sympa. Elle vous décernera
sûrement la médaille de l'ami(e) de l'année.
Alors
décortiquons un peu cette idée de merde de « tenir la
chandelle », voulez-vous ? D'ailleurs, si vous ne voulez
pas, je vais le faire quand même. C'est mon blog, je fais ce que je
veux. Qu'est-ce que ça veut dire « tenir la chandelle » ?
Ça veut dire qu'elle va s'ennuyer. Hein ? Mais pourquoi ?
De
deux choses l'une : soit vous considérez Jocelyne comme une
grosse débile incapable de parler à deux personnes en même temps,
soit c'est vous le problème.
Alors ?
Est-ce vous le problème ? Êtes-vous si incapables de parler
à une même personne plus de 10 seconde ? Ou alors, vous êtes incapables d'arrêter de vous tripoter assez longtemps pour ne pas générer de malaise ? Depuis que vous êtes deux,
vous avez jeté vos cervelles et vous n'avez plus de centres
d’intérêts autres que « qui sort la poubelle ce soir ? » et "Ho, oui ! Tripote moi encore !" ?
Si
c'est le cas, inquiétez-vous pour vous, pas
pour Jocelyne.
Donc
oui, c'est une idée
de merde. Mais la majorité des couples s'en servent régulièrement
pour évincer
leurs ami(e)s célibataires. Et c'est pour cette raison que beaucoup
de célibataires finissent… seul(e)s.
Être
célibataire, c'est une fois sur deux un choix,
pas une calamité. Du moins au départ. Mais rapidement, on se rend
compte qu'être célibataire veut dire être seul(e). Parce que vos
ami(e)s vous abandonnent. Ho ! Pas du jour au lendemain !
Non, progressivement. Ça se met en place insidieusement, au fur et à
mesure qu'ils font ce constat simple : vous ne courrez pas après
une nouvelle « moitié ». Alors commence l'exclusion. Les
dîners entre couple, les soirées sans autre célibataire (oui
n'oubliez pas, vous êtes trop cons pour parler avec des gens en
couple)… On ne vous invite plus. Et ce n'est que la première
étape. Après on ne répond plus à vos invitations, ou le moins
souvent possible. Vous proposez un réveillon, ou tout autre
événement des mois à l'avance, mais on va toujours donner la
priorité à une invitation émanant d'un autre couple. Même si
cette invitation arrive à la dernière minute. Le comble étant de
vous laisser sans réponse en attendant une autre invitation. Le
fameux « pour le moment j'ai rien de prévu, je te tiens au
courant. »… Ont-ils la moindre conscience de ce que cette
réponse a
d'insultant ? Et oui, vous n'êtes plus que le « faute de
mieux ». Merveilleux.
Au
final, on finit par s'y faire et ne plus chercher à voir ces
personnes. On finit toujours par ne plus essayer. Certains se
mettront en couple par dépit avec un(e) aussi dépité(e) qu'eux.
D'autres feront le choix d'être célibataires et seul(e)s. Parce
qu'ils ne se reconnaissent définitivement pas dans le modèle du
couple. Qu'ils se considèrent
(sacrilège ! Hérésie !) comme entier à eux seul(e)s. Ils
n'ont donc pas besoin d'une « moitié » d'urgence. Mais
quand nous faisons ce choix, nous savons que la solitude sera notre
plus fidèle amie.
Alors
bien sûr, il existe quelques couples qui ne se comportent pas comme
ça. Qui demeurent des individus et pas des « moitiés ».
Ceux-là restent fidèles à eux-même… et à vous. Ils sont rares,
et ne vous faites pas d'illusions :
si vous avez, comme moi, trois couples de cette sorte dans vos amis, alors vous
êtes extrêmement privilégié(e)s. Choyez-les car les autres vous
tourneront le dos tôt ou tard.